Mengzhi Zheng

C’est bien sûr l’horizon mais ce sont surtout les cloisons,
06.04 → 02.06.2018
galerie Françoise Besson, Lyon
sur une proposition de Frédéric Khodja avec
Sébastien Faure, Rémy Jacquier, Frédéric Khodja, Jérémy Liron, Mengzhi Zheng

 

Bien sûr, on dit par lui qu’il est une ouverture de l’esprit qui élargit les épaules, un « à tue- tête » qu’on ne peut rejoindre, mais il est la ligne circulaire qui borne la perception, dont on est le centre, l’horizon ; en général on l’infinit. Or la peau fait la diurne expérience d’un fuselage qui riveté à notre carlingue, s’éreinte à se faire dense, à contre, l’air, le tiraillement de l’espérance et l’esseulement de l’ici-poids, qu’on en deviendrait, si on ne leur résistait pas, s’il n’existait pas la possibilité d’un ajournement, d’un retour, quelqu’un de l’existence au lointain, encombré de songes qu’il ne pourrait remiser, sans cesse mobile, fuyant et lège, en direction de cette ligne où terre et ciel se confondent.

Pour attendrir ou dépenser l’intensité du centre, l’instinct se lève, invente un abri, ajustant, les branches et les fanes, pour les cabanes et les toits. Le corps rejoint l’auto, la ruine, se place au cœur des combes, dans le creux de la géographie des cimes masquantes. Le regard ne manque pas de cerner les couleurs et les formes, mais surtout il cloisonne, comme s’il désirait un lieu, la fabrique d’un retour, une contrepartie à l’horizon.

Là, c’est maintenant, une voiture entre dans la ruelle et c’est une impasse.
Sur le visage du conducteur, on lit le soulagement, puis il fait demi-tour.

Cette contrepartie est un retour chez soi, une flânerie, au bout duquel la porte n’est pas une peur mais le plaisir d’ouvrir, un charbon à la main. Porte derrière laquelle la danse ne s’encombre pas d’une chorégraphie pour ensemble, où le charbon dépense sur la feuille, dans une odeur de cuisine, le vif glané du jour, où l’espace se divise autant de fois qu’un dit plusieurs et où une peau tendue entre deux cercles abat le jour.

Dans cet état de la pierre qui redonne toute la charge qu’elle a bue, Mengzhi pense un abri pur, une géométrie à vivre, gomme les poids, les mesures, de la construction, à tel point qu’il nous charge avec lui, de poursuivre son geste sans trop appuyer ni sur le centre, ni sur l’horizon. Jérémy livre la lumière qu’il remise au retour sur les lieux même de nos départs, morceaux de ville, matérialité pavillonnaire où mal finit la ville, le mal début des champs. Il suggère l’espace fuyant que contre et redresse cette lumière, comme si à chaque fois seul, la présence de tous. Rémy, dans le sens premier de la nature (Le lieu où les choses naissent), monte des architectures sans les couper des contraintes de la construction. Elles grimpent ou descendent comme un lierre, pensent des espaces et des climats, agrègent, très frontalement face à la ligne froide et circulaire de notre perception, les chances d’être ensemble. Mais il déploie aussi dans le dessin, des formes accomplies de la nature qu’on dira faites de segments pris à la rotondité. Frédéric, dessine le lieu, souvent un espace à la géométrie simple, de la résurgence de sa source. En même temps que son dessin prend jour, il se creuse et s’approfondit, jusqu’au moment du sacre de l’objet, de la lumière ou d’une distorsion. Il y ramène le morceau manquant d’un songe, l’isole et le questionne, jusqu’à ce qu’il parle et vive ; et c’est justice, tant il découpe dans les images existantes, qu’il restitue son butin. Sébastien écrit, des poèmes et des scansions, avec rythme et assonances, qui situent souvent un corps entre la vie domestique et la vie lointaine, entre ici et ailleurs, entre la plaine travaillée et l’appartement, entre ici et l’horizon.

Sébastien Faure


Photo © Cyril Cauvet